Le dernier Congrès mondial de la Route a été organisé par PIARC (Association mondiale de la route) du 2 au 6 octobre à Prague, en République tchèque. Après Mexico, Séoul et Abou Dhabi, le congrès retournait donc en Europe, dans une ville qui l’avait déjà accueilli en 1971.
Sur la base de quelques indicateurs chiffrés, ce XXVIIe Congrès mondial de la Route fut un franc succès :
- plus de 4 000 délégués (un record, ex aequo avec le congrès de Mexico en 2011) ;
- 120 pays représentés ;
- 2 000 étudiants ;
- 28 pavillons nationaux (dont un très beau pavillon français) ;
- 229 exposants.
Si l’on regarde la carte du monde, on peut dire que son extension géographique est presque exhaustive. Le Japon, la France, l’Allemagne, les États-Unis, et également des pays à revenu faible ou intermédiaire comme l’Indonésie, le Mexique, l’Afrique du Sud, le Sénégal (photo 1)… ont répondu présent, en se rendant à Prague et en proposant des communications. À ce sujet, il convient de noter que deux pays, la Géorgie et Djibouti, ont récemment rejoint PIARC, portant le nombre de pays membres à 126.
photo_1.jpg
Plusieurs facteurs ont contribué à ce beau résultat : le retour du congrès en Europe, où se situent environ la moitié des membres actifs de l’association, le retour au présentiel, après deux années de pandémie et un Congrès mondial de la viabilité hivernale et de la résilience routière qui a dû basculer en mode virtuel (Calgary 2022), sans oublier l’attractivité de la ville de Prague.
Apports du congrès
Au delà de ces aspects qualitatifs, et de la joie de se retrouver avec collègues anciens et nouveaux du monde entier, qu’est-ce que ce congrès a apporté ?
Deux séances ministérielles, consacrées à la sécurité routière et au vélo, ont ouvert l’événement. Ces séances ont vu intervenir 38 participants, qui ont présenté les actions et stratégies de leurs pays en la matière. La tenue de ces séances dans le cadre du congrès Piarc confirme l’importance apportée à la route au plus haut niveau des gouvernements.
Vingt-trois séances techniques (photo 2) organisées par les comités techniques de Piarc ont ensuite valorisé leur très riche production, en présentant les 80 rapports techniques publiés au long du cycle 2020-2023. C’est là un record en qualité, en nombre, mais aussi en échelonnement : la plupart de ces documents avaient été publiés bien avant octobre 2023, ce qui veut dire que leurs lecteurs n’ont pas eu à attendre cette échéance, certes majeure, pour en prendre connaissance, et qu’ils ont réellement pu servir de substrat aux débats tenus à Prague.
photo_2.jpg
Le congrès a également permis de présenter les quelque 532 communications qui avaient été acceptées en réponse à l’appel international de PIARC, en séance ou sous forme d’affiche. Toutes les composantes de l’écosystème s’y sont fortement impliquées : acteurs privés, constructeurs, exploitants et ingénieries, monde universitaire et, bien sûr, experts et décideurs publics.
Les prix PIARC ont d’ailleurs été remis, comme c’est la tradition, sous la coordination de la présidente de la commission de la Communication, Claudine Tremblay (Québec). Pour la France, il faut féliciter Rémi Reiff et Laurent Friteyre, du Cerema, pour leurs deux accessits. De plus, et pour la première fois, a été décerné le prix PIARC « Promotion de l’égalité des genres et de la diversité », qui distingue la personne ou le groupe ayant été le plus actif sur ces sujets, reconnus comme une valeur fondamentale par PIARC en 2022. Le premier lauréat en est le comité technique 1.1 « Performance des administrations de transport » (photo 3).
photo_3.jpg
Les organisations partenaires de PIARC étaient également très mobilisées, au travers de 29 séances et ateliers, techniques ou stratégiques, qu’elles ont fait le choix d’organiser dans l’enceinte du congrès à Prague. On peut ainsi citer l’Office de recherche sur les transports (TRB, États-Unis), la Société chinoise du transport routier (CHTS, Chine), le Forum international des transports (FIT, OCDE), la Banque mondiale, la Banque asiatique de développement, la Banque latino-américaine de développement (CAF), le Programme international d'évaluation des routes (iRAP), les Fédérations routières internationales (IRF), le Réseau européen des infrastructures et de l'écologie (IENE), la Fédération routière européenne (ERF), l’Association européenne des chaussées bitumineuses (EAPA), l’Association européenne des chaussées en béton (Eupave), la Commission économique pour l'Europe (Nations Unies). Pour reprendre les mots de la Banque asiatique de développement : « On a retrouvé lors du congrès toutes les composantes de la route ainsi que tous les sujets attenants à la route ». C’est ce qui fait toute l’attractivité d’une rencontre comme celle-ci.
Parmi les séances magistrales quotidiennes, bien suivies malgré leur heure matinale, on peut noter le débat sur le financement de la transition avec Guangzhe Chen (Banque mondiale) et Antonio Silveira (Banque de développement de l'Amérique latine), ou encore celui sur la décarbonation et l’électrification du transport routier avec Christophe Saintillan (Vinci Autoroutes) et Nancy Daubenberger (département des transports du Minnesota).
Enfin, les quatre coordinateurs de thème stratégique ont pu organiser leurs séances à partir des 41 rapports nationaux proposés par les pays membres. Ainsi, la séance « Mobilité et équité », conçue par André Broto, a reflété les politiques et les ambitions de différents États : Nouvelle-Zélande, Italie, Japon, Quatar, Roumanie, Corée du Sud et Espagne.
Sujets « traditionnels » et « émergents »
Sur le fond, on a pu constater que les sujets « traditionnels » conservaient toute leur importance. Même dans ses aspects classiques, la route est un sujet en pleine évolution ! Toutes les séances techniques organisées par les comités de PIARC ont fait salle comble, des tunnels à la sécurité routière, des chaussées à la viabilité hivernale. L’atelier sur les chaussées aéroportuaires organisé par le Service technique de l'aviation civile (Stac), deux séances complètes sur les ouvrages d’art et de multiples séances sur la sécurité routière ont également été très suivis. Les quatre grands thèmes stratégiques de PIARC étaient ainsi parfaitement représentés.
En complément, plusieurs sujets émergents ont rencontré un grand succès : décarbonation du transport routier, électrification, équité, financement de la transition, pistes cyclables...
Tous ces sujets seront naturellement au programme du prochain plan quadriennal de PIARC, qui débutera dès février 2024 avec les réunions de lancement de ses 23 nouveaux comités techniques. On constate, à ce propos, un besoin croissant de compétences en économie et en sciences sociales, en complément des sciences de l’ingénieur, pour pouvoir faire avancer ces travaux. Il convient de savoir ce qu’il est possible de faire, mais de plus en plus, ce qui est désiré, souhaitable, acceptable, finançable, et/ou prioritaire. Cela est vrai chez les membres comme dans au sein de l’association. Par exemple, l’électrification des routes devra être considérée sous les angles d’un déploiement industriel et de choix forts en matière de modèles d’affaires, et être enrichie par une réflexion sur l’acceptabilité sociale des choix politiques.
Conclusion
Le Congrès mondial de la Route de Prague a apporté une double confirmation :
- La route, ce mode de déplacement qui représente souvent plus de 80 % des transports terrestres, sait s’adapter aux attentes de la société, avec dynamisme et enthousiasme.
- Les rencontres en présentiel permettent des échanges fluides et efficaces.
Rendez-vous donc pour les prochains grands événements de PIARC : à Chambéry du 10 au 13 mars 2026 pour le XVIIe Congrès de la viabilité hivernale et de la résilience routière, puis à Vancouver du 4 au 8 octobre 2027 pour le XXVIIIe Congrès mondial de la Route.
