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11e prix IMBP (Infrastructures pour la mobilité, la biodiversité et le paysage) de l'Idrrim
Elsa AlfandariRédactrice/SR - RGRA

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Organisé par l’Idrrim (Institut des routes, des rues et des infrastructures pour la mobilité) et l’ensemble des signataires de la Convention d’engagement volontaire depuis 2010, le prix IMBP récompense tous les deux ans les meilleures initiatives de requalification et d’exploitation des infrastructures de mobilité qui œuvrent en faveur de la préservation, de la restauration et de la valorisation des écosystèmes de la biodiversité et du paysage.

En raison de la crise sanitaire, seulement 8 dossiers ont été déposés cette année contre 15 l’année dernière. Les lauréats 2021 ont été désignés en septembre par un jury d’une dizaine de membres, présidé par Jean-Pierre Thibault, inspecteur général de l’administration du développement durable au CGEDD (Conseil général de l’environnement et du développement durable). Ce jury, composé de représentants des secteurs publics et privés dans le domaine des infrastructures et de l’aménagement ainsi que de médias partenaires du prix (dont la RGRA), s’est prononcé à l’appui d’analyses des dossiers réalisées par le Cerema.

Quatre conseils départementaux, la nouvelle collectivité Europe Alsace, Voies navigables de France (VNF), Egis, et SAS Port Alizés étaient en lice cette année. Quatre ont candidaté pour la catégorie « Génie écologique », un pour la catégorie « Sensibilisation et communication », deux pour les « Continuités écologiques » et enfin un candidat pour le thème « Paysage urbain et rural ». 

« Les nombreux projets des conseils départementaux cette année prouvent leur investissement », a souligné Jean-Pierre Thibault lors de la délibération des différents prix, « et le panel des infrastructures est complet ». En revanche, « la dimension paysagère est moins présente cette année », a fait remarquer Luc Chrétien, chef de la division Environnement au Cerema, qui a analysé et réalisé une synthèse de chaque projet. Autre surprise de ce palmarès 2021, « aucune candidature d’entreprise routière n’a été déposée », a déploré Pierre de Thé, directeur de la communication de Routes de France et membre du jury.

Trois prix thématiques et une mention spéciale ont été remis début octobre lors du congrès de l’Idrrim à Rennes.

Prix du jury dans la catégorie « Génie écologique »

Ce prix a été attribué au projet « Plan biodiversité et infrastructures routières du Département des Pyrénées-Atlantiques ». 

En charge de la construction et de l’entretien d’un réseau routier de plus de 4 500 km, le Département a décidé de développer une politique active en faveur de la biodiversité au cœur de ses activités d’aménagement et d’exploitation de ce réseau. Le plan biodiversité intègre la faune et la flore, dans leur globalité, avec un focus particulier sur la gestion des plantes invasives et l’identification des points noirs de collision faune. Il intègre la formation du personnel et l’intervention d’organismes spécialisés en charge de la gestion de la biodiversité, ainsi que des associations (photo 1).

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Organisation de sessions de formation « biodiversité » pour tous les agents.
Organisation de sessions de formation « biodiversité » pour tous les agents.
CD DES PYRENEES-ATLANTIQUES

Le plan a été budgétisé sur trois ans, avec un financement total prévisionnel de 612 000 €, dont une majorité utilisée pour les travaux de requalification environnementale des routes. 

Prix du jury dans la catégorie « Sensibilisation et communication »

C’est le projet « Plan Routes et Biodiversité », porté par le Département de l’Hérault, qui a obtenu le prix du jury dans la catégorie « Sensibilisation et communication  » (photo 2). «  Un projet global et complet regroupant tous les aspects de la route, aussi bien les phases élaboration de projet, chantier, et entretien », selon Didier Colin, président de l’Idrrim. 

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Le nouveau pont sur la déviation d’Aniane (vallée de l’Hérault).
Le nouveau pont sur la déviation d’Aniane (vallée de l’Hérault).
CD DE L’HÉRAULT

Les thèmes environnementaux abordés ici portent sur la faune, nocturne et diurne, terrestre et aquatique, ainsi que sur la flore, avec l’ensemencement des bords de route, le fauchage et le zéro phyto. Le projet définit une vision globale de l’articulation entre les politiques routières et les enjeux de maintien de biodiversité dans l’Hérault.

Prix du jury dans la catégorie « Projets prometteurs »

Egis, seul candidat privé de cette 11e édition, a remporté ce prix avec son projet de « Traitement des continuités écologiques longitudinales dans le cadre de l’aménagement de l’A480 dans la traversée de Grenoble ». 

Sur 7 km de l’autoroute A480 dans l’agglomération de Grenoble, l’entreprise d’ingénierie a ainsi proposé un renforcement de la continuité longitudinale le long du Drac en s’appuyant sur les structures du projet. Ainsi, la végétalisation des murs acoustiques et de soutènement côté Drac vise à favoriser la biodiversité et renforcer la continuité écologique le long du cours d’eau (photo 3). Les plantes doivent également concurrencer les espèces exotiques envahissantes et être une source de nourriture pour les oiseaux et les insectes. Vis-à-vis de la faune, les murs sont aménagés de manière à offrir des espaces de repos, de nidification ou d’hibernation pour différentes espèces et favoriser le retour d’une faune plus diversifiée dans un contexte de proximité d’urbanisation. 

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L’écoconception d’un écran acoustique en faveur de la biodiversité (côté Drac).
L’écoconception d’un écran acoustique en faveur de la biodiversité (côté Drac).
EGIS

Les premiers aménagements ont été réalisés au printemps 2021 et doivent se poursuivre dans le courant de cette année et en 2022. Le suivi écologique en phase travaux a d’ores et déjà permis de constater la nidification de deux espèces à l’intérieur des gabions (rougequeue noir et bergeronnette des ruisseaux).

Mention spéciale du jury dans la catégorie « Continuité écologique »

Cette mention a été décernée au projet « Des clôtures anti-faune à foison : tester celles qui sont réellement efficaces avant d’en installer », porté par la collectivité européenne d’Alsace (CeA). 

En tant que maîtres d’ouvrage routiers, la CeA et la DREAL Grand-Est sont régulièrement confrontées à la problématique des écrasements de la petite faune. Pour les réduire, en pa ticulier ceux avec le crapaud vert et le hamster d’Europe (deux espèces protégées de l’Est de la France), des clôtures doivent être installées. Il en existe différents types dont les principaux représentants sont les grillages à mailles fines, les murets en béton et les tôles galva. 

La CeA et la DREAL Grand-Est se sont alors alliées au CNRS afin de mener une étude collaborative centrée sur l’efficacité des clôtures anticollisions en ciblant les micromammifères et les amphibiens dans leur ensemble. Les résultats de l’étude comparative sont très critiques envers le grillage à mailles fines. En revanche, les murets béton équipés d’une réglette anti-escalade et les tôles galva bloquaient l’ensemble des individus (photo 4). Ces dispositifs sont peu étudiés par ailleurs alors que les clôtures sont indispensables et leur coût élevé.

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Installation de la tôle galva sur la rocade sud de Strasbourg.
Installation de la tôle galva sur la rocade sud de Strasbourg.
EUROMÉTROPOLE DE STRASBOURG

Le jury a également salué l’initiative du projet « Stratégie nationale de gestion du myriophylle hétérophylle sur le éseau géré par Voies navigables de France ». 

Depuis quelques années, Voies navigables de France (VNF) est confronté à de nombreuses proliférations d’espèces aquatiques. Quelles soient indigènes ou exotiques, ces espèces végétales aquatiques perturbent la navigation, le fonctionnement des ouvrages de navigation, l’alimentation des canaux, les équilibres des écosystèmes et les conditions de travail des agents. Actuellement, le myriophylle hétérophylle est l’espèce exotique envahissante la plus présente sur le réseau VNF sur plus de  300 km sur le territoire Nord-Est (photo  5). Formant un tapis dense, cette plante progresse de façon fulgurante, avec une pousse pouvant aller jusqu’à 30 cm par semaine. 

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Le myriophylle hétérophylle : une progression fulgurante sur le territoire Nord-est.
Le myriophylle hétérophylle : une progression fulgurante sur le territoire Nord-est.
VNF

C’est pourquoi le maître d’ouvrage fluvial, avec l’aide du Cerema et l’université de Lorraine, cartographient le phénomène et expérimentent différentes techniques de maintenance (meilleures techniques de faucardage, d’arrachage, meilleure période d’intervention, bio-traitement…). Les retours d’expériences et la recherche de partenariat seront les prochaines étapes du projet. 
 

Revue RGRA