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Le BIM, avenir de la construction
Xavier NeuschwanderPrésident de la commission Technique et Innovation - FNTP

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Le BIM est un sujet de réflexion et de travaux dans les travaux publics depuis de nombreuses années, et ses applications deviennent une réalité. Pourtant, rares sont ceux qui perçoivent l’impressionnant potentiel de gains qu’il permettra d’atteindre lorsqu’il sera utilisé à son optimum, tant sur les plans fi nanciers que de qualité et de sécurité, mais surtout environnementaux.

À ce stade, la digitalisation se fait par domaine d’activité, mais la mise en continuité et l’exploitation massive des données est encore à venir. Grâce à l’utilisation du BIM sur toute la durée de vie de chaque ouvrage, on pourra optimiser sa conception et sa construction, puis suivre son état structurel pour en assurer la pérennité, planifier et programmer les opérations de maintenance, en conjonction avec des objets connectés et d’autres solutions numériques de traitement et de prédiction. L’ensemble des informations seront mises en commun sous forme d’un « jumeau numérique ».

C’est ainsi que le BIM réalisera son plein potentiel, contribuant à la modélisation, au calcul et à la vérification des gains considérables en émissions de gaz à effet de serre (GES) attendus.

Cependant, le BIM est encore trop souvent confondu avec une simple maquette numérique 3D, infime partie émergée de l’iceberg BIM. Ce sont les données échangées – partie immergée de l’iceberg –, à travers des protocoles standardisés et sécurisés, qui lui donneront la possibilité d’atteindre les objectifs ambitieux fixés.

Outil essentiellement collaboratif, le BIM permet de mettre en commun de grandes quantités d’information et de les gérer sur la durée de vie de l’infrastructure qu’elles décrivent. Pourtant, il ne s’agit pas d’un répertoire dans lequel tous les acteurs placeraient la totalité de leurs méthodes, au risque de donner libre accès à tous à leurs savoir-faire ! Il offre au contraire l’opportunité de consolider la valeur ajoutée de chacun en en gardant la trace au bénéfice des performances de l’ouvrage tout au long de son cycle de vie.

Pour pouvoir partager une vision commune sur le BIM, les maîtres d’ouvrage, maîtres d’œuvre, entreprises de la construction et de nombreux autres professionnels de la construction ont participé aux projets nationaux MINnD (Modélisation des INformations INteropérables pour les INfrastructures Durables), en saisons 1 (2015-2018) et 2 (2019- 2022). Ils ont également contribué à la définition d’outils et de langages communs, mais aussi à la montée en compétences de tout l’écosystème des infrastructures et du génie civil.

Il convient à présent de poursuivre ces travaux en les spécialisant par métier, en veillant à l’interopérabilité entre lesdits métiers. Des projets en ce sens apparaissent, et les acteurs sont volontaires, car leur avenir dépend fortement de ces technologies numériques, afin de mieux construire, mais aussi de faire face à l’urgence climatique.

Ce dossier BIM de la RGRA présente quelques exemples de réalisations prometteuses de gains multi-facteurs. Il rappelle également l’importance de travaux conjoints, basés sur le consensus (notamment de normalisation), pour avancer dans la mise en place du BIM dans les projets, en associant tous les acteurs pour en réaliser, encore une fois, le plein potentiel. Le BIM sera donc éminemment collaboratif pour respecter les capacités et les savoir-faire de chacun, mais également atteindre les objectifs bas carbone pour lesquels notre profession s’est pleinement engagée !

 

Revue RGRA